Le débat public annuel de l’ERENA proposait le 12 juin dernier une réflexion sur les enjeux éthiques des thérapies coûteuses.

Les avancées biomédicales ouvrent des perspectives significatives pour les patients, mais les coûts très élevés de certaines thérapies soulèvent des questions éthiques fondamentales.

Ces thérapeutiques peuvent être amenés à se développer et leurs indications à s’élargir. Elles concerneront donc de plus en plus de patients. Comment garantir un accès équitable aux traitements tout en assurant la soutenabilité de notre système de santé fondé sur la solidarité ?

Face à des enveloppes budgétaires contraintes dans le secteur de la santé, se posent des questions de stratégies thérapeutiques et de choix éthiques. Quels sont les grands principes de l’économie du médicament ? Quelles questions éthiques posent-ils ?

Nos intervenants ont décrypté les enjeux d’un accès équitable aux soins onéreux dans un système de santé équilibré.

Le Professeur Véronique Avérous a esquissé les grandes questions qui jalonneront la conférence, et présenté les trois orateurs.

Le Professeur Bioulac a introduit la conférence en rappelant différentes données de santé, telles que le montant des dépenses en médicaments, le prix des thérapies innovantes qui s’il reste aussi élevé, deviendra insoutenable par le système de santé actuel. Il a rappelé que la fixation du prix des médicaments reste très opaque pour les consommateurs dans la plupart des pays du Monde.

Le Professeur Driss Berdaï a proposé une réflexion par le prisme des médicaments. « Les moyens financiers à disposition ne sont pas illimités et les dépenses de santé augmentent. Les questions principales à se poser face à une thérapie, surtout coûteuse, sont celles-ci : le service médical rendu, la performance du médicament, justifient-ils ces dépenses ? A-t-on les preuves cliniques de l’efficacité réelle de ce médicament ? Quels arbitrages éthiques entrent alors en jeu ? ». Il a rappelé qu’innovation n’était pas toujours synonyme de progrès : les résultats thérapeutiques d’innovations thérapeutiques ne sont pas toujours efficaces. Le niveau « d’amélioration du service médical rendu (ASMR) » par la Haute Autorité de Santé intervient ainsi dans la fixation du prix d’un médicament remboursable. 

Jérôme Wittwer a quant à lui présenté une analyse des enjeux économiques des thérapies innovantes. Il a introduit son propos en expliquant les modalités de fixation des prix des médicaments en France : « les prix sont des prix administrés, c’est-à-dire fixés par négociation en face à face entre les industriels et les pouvoirs publics ; les consommateurs ne seront informés que du prix facial, du prix présenté sur la boîte de médicaments ». Il a soulevé différents points : « Le système de régulation du financement des innovations en France est et va être soumis à forte tension. La hausse du budget des médicaments doit être associée à des preuves fortes de l’efficience des innovations. Le manque de transparence des prix est un obstacle à la discussion démocratique. Et enfin, les travaux rétrospectifs sur l’efficience des innovations sont trop peu nombreux. »

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Intervenants :

• Driss Berdaï, médecin, praticien hospitalier, service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux (pôle de santé publique), membre du Comité de Protection des Personnes Sud-Ouest et Outre-Mer III, membre du groupe personnes ressources ERENA site Aquitain.
• Jérôme Wittwer, Professeur d'économie, Université de Bordeaux, Institut de Santé Publique d'Epidémiologie et de Développement (ISPED), Bordeaux Population Health Inserm U1219, membre du Haut Conseil à l'Avenir de l'Assurance Maladie (HCAAM).

Cette conférence débat est modérée par :

• Bernard Bioulac, directeur honoraire de l'ERENA site de Bordeaux, directeur de l'ERENA Bordeaux de 2015 à 2021, directeur adjoint de l'ERENA de 2018 à 2021, professeur émérite à l'université de Bordeaux, membre de l'académie nationale de médecine.